mercredi 11 janvier 2017

Outils pour l'étude de l’argumentation


Il y a argumentation quand il y a thèse et désir d’agir sur le destinataire pour le mettre en accord avec cette thèse. D’où l’extrême ouverture du genre (poésie argumentative, théâtre argumentatif…). On utilise donc le terme pour un texte où la thèse et la démonstration sont explicites.
Ce genre est à la limite de la littérature. La plupart des textes argumentatifs peuvent être étudiés aussi bien dans une logique philosophique que littéraire. Il emprunte même à la science sa logique du discours.



  1. les formes argumentatives.

    1. l’apologue :

un texte narratif à visée didactique (finalité éducative). Genre historique qui remonte à l’antiquité. 
sous-genres : conte (dont conte philosophique), fable, parabole etc.
message explicite ou implicite, en général les deux (cf. La Fontaine : une morale, mais d’autres sens cachés)

    1. l’essai :

textes de longueurs diverses dans lesquels l’auteur propose une réflexion argumentée fondée sur son savoir, son expérience et l’observation de ce qui l’entoure.
  • en général marques de subjectivité
  • thèse visible, argumentation claire.
sous-genre ou genres proches : pamphlet, manifeste

    1. le dialogue argumentatif :

il figure dans tous les genres : essai, théâtre, roman, poésie ; il peut aussi constituer le genre unique d’un ouvrage. Dés que deux personnages débattent d’un sujet au discours direct.
  • confrontation de points de vue
  • place de l’auteur à chercher : double énonciation
origine dans le dialogue platonicien. Existence pauvre en tant que genre mais se retrouve partout.

    1. l’éloge et le blâme :

peuvent être utilisés à titre de procédés dans un autre genre ou se suffire à eux-mêmes : éloge funèbre, Caractères : célébrer ou critiquer quelqu’un.

L’argumentation peut se retrouver dans des sous-genres moins habituels ou moins réglementés (préfaces, lettres, plaidoyer/réquisitoire, maximes, réflexions, pensées…) et dans d’autres genres ou elle devient un type de texte (les romans, pièces de théâtre, ont souvent des passages argumentatifs).


  1. les procédés argumentatifs.

    1. les différents types de raisonnement :

  • inductif/déductif : soit on fait découler une conclusion d’une loi admise, soit on part de constats pour généraliser une idée
  • réfutation/concession : soit on s’oppose à son adversaire et on démontre la fausseté de sa thèse ; soit on admet ce qu’elle a de bon pour apporter des objections ; vont souvent de pair.
  • plaidoyer/réquisitoire/délibération : l’un prend la défense de quelqu’un ou d’une idée, l’autre l’attaque, le troisième soupèse les différents points de vue avant de conclure (c’est ce qu’on fait dans une dissertation).
  • raisonnement dialectique ou thématique : pour dépasser les antinomies ou faire la liste de problèmes liés à la question posée.
  • argument ou raisonnement par l’absurde : on fait semblant d’accepter une hypothèse pour en montrer les conséquences ridicules.



    1. les différents types d’arguments :

  • raisonnement ou argument par analogie : fondé sur une comparaison, à l’échelle du texte (apologue) ou d’un argument.
  • preuve : exemple à valeur d’argument
  • argument d’autorité.
  • argument logique
etc.

    1. rhétorique de l’argumentation :

  • utilisation de registres (polémique : souligne l’attaque, satirique : dérision, moquerie, ironique : dire le contraire de ce qu’on veut montrer, didactique : enseignement)
  • marques de l’opinion, mobilisation du destinataire


  1. les stratégies argumentatives.

Vocabulaire militaire conformément à l’origine de « convaincre ». Ensemble des problèmes vus ci-dessus (choix d’une forme ; choix de procédés), mais à unifier en fonction de l’effet voulu.
    • intérêt de la distinction convaincre/persuader : faire admettre le bien-fondé de la thèse par des arguments recevables, sensés / modifier le comportement en jouant sur la sensibilité, la psychologie.
    • utiliser aussi démontrer (neutralité, démarche scientifique : logique extrême du raisonnement, proche de la démarche scientifique) et délibérer (dilemme personnel, pas de prise de position évidente).


Que ce soit pour étudier un texte ou pour l’écrire, il faut se poser la question que se pose un militaire avant une attaque : quel est le but ? qui est en face ? et en déduire une stratégie globale, qui choisit et dose l’ensemble des éléments vus ci-dessus.

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