mardi 13 décembre 2016

En conclusion à Réparer les vivants


Maylis de Kerangal à propos de son livre:

A un moment donné, j'ai identifié une piste. Après mes deux premiers ­romans, tous les deux écrits avec un « je » narratif, quelque chose s'est ­déchiré et éclairci en même temps : le ­refus de passer par l'introspec­tion. Quelque chose alors s'est ouvert, que j'ai conservé. Je me suis calée dans une écriture où je décris tout ce qui se passe. J'ai trouvé une très grande joie dans la description. Les personnages sont présents et s'incarnent par ce qu'ils montrent. C'est une écriture phénoménologique, qui prend en compte tout ce qui se manifeste. J'avais lu un livre de Jean-Louis Chrétien, La Joie spacieuse (éd. de Minuit), qui dit que les corps sont les messagers des psychés, que les gestes sont les porte-parole des intériorités. J'ai senti une forme de liberté à pouvoir poétiser la matière, une justesse et une confiance. A partir de là, tous mes livres se sont écrits sur ce mode.

Même chose pour Naissance d'un pont : je me disais que ce serait génial d'écrire une épopée, mais sans la guerre. Et c'est devenu ce livre du dehors, des paysages, de la forêt, le chantier du pont a pris en charge toute la matière et après, la narration l'a organisée. A l'origine d'un roman, j'ai toujours des désirs très physiques, matériels. Et une envie d'espaces. Tant qu'il n'y a pas les espaces, il n'y a pas de livre possible.

 http://images.nzz.ch/eos/v2/image/view/600/-/text/inset/d6b2605e/1.18590887/1438790219/maylis-de-kerangal.jpg


Ce qui compte avec les grandes questions que sont la vie, la mort, la porosité entre les deux, la représentation du corps, la transplantation, c’est qu’elles soient traitées par le bas. Je n’aime pas l’idée du surplomb. Les grands sujets sont pleins de dangers. En tant qu’écrivain, je pourrais vouloir m’auto-légitimer en écrivant sur la mort, par exemple. Je tiens à rester «à la culotte des choses», au ras du monde. Lorsqu’on traite de grandes questions, on se retrouve vite dans quelque chose d’un peu mousseux, où tous les mots portent des majuscules, où, au fond, il ne se dit pas grand-chose. Aux discours, je préfère l’expérience.



Enfin, l’hôpital est aussi le lieu des héros du roman. J’ai voulu raconter la transplantation cardiaque comme un haut fait d’aujourd’hui – comme on racontait un haut fait du passé dans la chanson de geste.
L’hôpital est une série de microcosmes régis par des physiques particulières. Il y a une physique de la garde. Ces mondes sont parfois des labyrinthes, parfois des citadelles. Le bloc opératoire est un lieu interdit. Tout cela dessine des flux, des circulations. A quoi s’ajoute l’aspect sensoriel, les bruits, les lumières: fortes dans les couloirs, tamisées dans les chambres. Instaurer ces lieux, c’est une manière de convoquer le monde sensible, là où le corps est présent, où le geste d’écrire devient un geste de contact. J’essaye de créer des milieux physico-sensoriels, des bains, où l’action et le lecteur pourront habiter.


Bientôt, le film de nos rencontres avec 
Maylis de Kerangal et Alain Nicolas!

vendredi 9 décembre 2016

Des critiques s'opposent à propos du film...


un lien vers l'émission du Masque et la plume traitant du film de Katell Quilévéré:
 

https://www.franceinter.fr/emissions/le-masque-et-la-plume/le-masque-et-la-plume-06-novembre-2016

Réparer les vivants: un article sur le tournage du film


«Nous au bloc, on raconte des conneries»


Par Clémentine Gallot — 8 décembre 2015 à 19:26
«Nous au bloc, on raconte des conneries»

Coma. Katell Quillévéré adapte «Réparer les vivants», le roman à succès de Maylis de Kerangal. Visite sur le tournage lors d’une séquence de transplantation cardiaque.

«Il faut enterrer les morts et réparer les vivants.» La formule, tirée de Platonov, est d’actualité. Elle a surtout fait recette en servant de titre au best-seller de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants (2014). Celui-ci a rapidement appâté les producteurs, qui s’en sont disputé les droits, finalement adjugés aux Films Pelléas et aux Films du Bélier, qui ont levé ensemble un budget de 6 millions d’euros. Avec la bénédiction de la romancière, la cinéaste Katell Quillévéré (Suzanne) a conçu un scénario à partir de ce récit choral suivant, entre Le Havre et Paris, la greffe du cœur d’un lycéen en mort cérébrale, Simon Limbres, accidenté après une virée en surf. «C’est un sujet très lourd qui parle de la mort d’un adolescent et demande de la pudeur pour ne pas verser dans la prise d’otage émotionnelle», prévient-elle d’emblée.
Quelques jours à peine après le 13 novembre et à quelques encablures de Saint-Denis, au nord de Paris, où a eu lieu l’assaut du Raid, le tournage de l’adaptation suit son cours et chacun panse ses plaies dans une ambiance aussi sereine que possible en de telles circonstances. Une pluie fine se déverse sur les studios de Stains, encastrés entre la voie ferrée, la casse et une rangée de pavillons grisâtres.
Cette huitième semaine de tournage, sur les onze prévues au planning, succède aux prises de vue en extérieur réalisées au Havre, à Argenteuil ainsi qu’à l’hôpital Necker, à Paris (XVe), décors qui ont permis à la mise en scène de se déployer en très longs plans-séquences sinueux. «Avec ce film, on est… dans les tuyaux !» résume Dan Bevan, le chef décorateur britannique attitré d’Arnaud Desplechin. Avec pour référence la Belle Endormie, coma-movie de Marco Bellocchio, celui-ci a entièrement reconstitué, dans une palette de couleurs «vaseuses et aqueuses», un impressionnant bloc opératoire composé d’un scope (moniteur), de tentaculaires scialytiques, ces lampes qui empêchent toute ombre portée durant les actes chirurgicaux, et d’une table d’opération.

Bruit de succion flasque

A notre arrivée se tourne le prélèvement du cœur de Simon, épisode pivot du récit. Derrière leurs blouses verdâtres et leurs masques chirurgicaux, on devine les interprètes Tahar Rahim, Karim Leklou et Alice de Lenquesaing, au chevet du jeune comateux. Penché au-dessus d’eux, le chef op Tom Harari incline la caméra numérique (une RED) en direction du cœur en silicone conçu par les techniciens d’effets spéciaux de la petite société montreuilloise CLSFX, spécialiste des prothèses. Pour coller au réel, les comédiens répètent inlassablement les mêmes gestes chorégraphiés : «Le cœur est bon. On va clamper», c’est-à-dire sectionner l’organe pour effectuer la greffe. Ils insèrent les doigts dans la cavité thoracique avec un bruit de succion flasque, soulèvent l’objet palpitant et le transportent dans une glacière. Sur l’étiquette on lit «cœur - fragile».
«Trop rapide», juge Katell Quillévéré depuis le moniteur vidéo, où elle surveille le déroulement du gros plan. Le chef opérateur se félicite de la délicatesse du tableau, la cinéaste lui rétorque : «T’as vu les images ? C’est pas délicat, une transplantation.» «Un vrai prélèvement, ce n’est pas joli, c’est costaud. A la fin, c’est un champ de bataille, ajoute le chef déco. Le film ne s’attarde pas sur le côté gore : l’opération doit être fidèle à la réalité mais un peu sublimée, ça peut même être beau en plan large.» La séquence, peu ragoûtante, s’est déroulée sans effusion d’hémoglobine. Selon la cinéaste, le film questionne la possibilité même d’une «esthétique de la chirurgie face à la violence de certaines images. Comment mêler du lyrisme à la laideur des scènes d’anatomie ?»

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Un casting hétéroclite

Entre les prises, des personnels soignants embauchés pour jouer les figurants fraternisent avec l’équipe technique et dispensent quelques conseils autour de la machine à café. Un infirmier : «Nous, au bloc, ça déconne, on raconte des conneries.» Un comédien : «Nous, on est plutôt concentrés au moment de la prise.» La réalisatrice de 35 ans, qui retrouve à l’occasion de ce troisième film son équipe de proches collaborateurs, a la réputation de dorloter ses acteurs. «D’ailleurs, elle intègre souvent leurs propositions», indique son coproducteur, David Thion, des Films Pelléas. Ainsi, lorsque Tahar Rahim écorche son texte, elle l’encourage : «C’est pas grave, elle était super bonne.» A la fin d’une prise réussie, la pression retombe et le comédien soulagé fait un «check» à son acolyte, Karim Leklou : «On est une équipe de pros, mon pote. Bac +11 !»
Pause déjeuner. Gabin Verdet, le jeune surfeur de 17 ans qui campe Simon Limbres, déboule maquillé d’une cicatrice en latex qui lui barre le thorax et le force à manger debout, en peignoir. Attablée un peu plus loin, la cinéaste raconte «l’évidence» que fut la lecture du roman, si bien qu’elle en a interrompu l’écriture d’un scénario en cours. Le casting, hétéroclite pour un film d’auteur, qui mélange les genres en regroupant à la fois Emmanuelle Seignier, Kool Shen, Bouli Lanners et Dominique Blanc, relève selon elle de choix «instinctifs».
Succédant à Un poison violent, son second long métrage au souffle romanesque, Suzanne, condensait vingt-cinq ans de la vie d’une jeune marginale en une heure trente ; Réparer les vivants impose l’économie inverse en dilatant quarante-huit heures le temps d’un film. Transposer au cinéma ce récit émaillé de flash-back constitue un «défi pour la narration et la temporalité», confirme-t-elle. Attachée à filmer le corps médical au travail et à renouveler le regard naturaliste sur l’hôpital, elle songe à la manière dont Steven Soderbergh orchestre quasi seul sa très belle série sur la chirurgie en vigueur au début du siècle dernier, The Knick (sur Cinemax).
Réparer les vivants rompt surtout avec l’émancipation féminine qui occupait jusque-là son cinéma. «Il s’agit d’un film sur les générations, la manière dont la mort génère de la vie et comment tout cela circule à l’échelle de la famille, de la société», avance-t-elle avant de rejoindre le plateau silencieux où le corps roide de Simon a été recousu et restauré après la greffe. Idéalement, le flux de conscience pulsant dans le roman comme un flot de circulation sanguine épousera à l’écran cette forme de fluidité, organique et bouillonnante.


pour Libération 




mercredi 9 novembre 2016

Réparer les vivants: le film est sur nos écrans... en attendant notre rencontre avec l'auteur!

 

 Ressources pour préparer le visionnement:

http://www.elle.fr/Loisirs/Cinema/Dossiers/Reparer-les-vivants-dans-les-coulisses-de-la-preparation-du-film-3335870?google_editors_picks=true

« Réparer les vivants » : dans les coulisses de la préparation du film 

une rencontre entre Maylis de Kerangal et Katell Quillévéré.


Réparer les vivants
 Après le film:

les avis sont partagés
http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/reparer-les-vivants.html
http://next.liberation.fr/cinema/2016/11/01/reparer-les-vivants-un-coeur-entre-la-vie-et-l-amour_1525568



et l'avis de Maylis de Kerangal sur l'adaptation... nous lui demanderons nous-même lors de notre rencontre par skype prévue le mardi 22 novembre! on a hâte!

vendredi 4 novembre 2016

Rencontres improbables...

Chacun vient avec son personnage, un portrait écrit sans savoir ce qui l'attend... et les portraits s'échangent, se croisent, pour donner des rencontres, amoureuses ou non. Chaque rencontre est présentée ici du point de vue de chacun des personnages.

 


Ce jour-là, sous un ciel sans nuages, près du pont-neuf d'Annecy, j'emmenai ma fille à la danse. Soudain, un nuage de colombe se posa devant nous. Maddie essayait de courir après mais elles s'envolèrent trop vite pour elle. Enfin nous arrivâmes au gymnase. Maddie alla dans le vestiaire pour se changer. Lorsque j'ouvris la porte de la salle de danse, un courant d'air passa. Un parfum qui ne m'était pas inconnu me vint alors au nez, celle de ma mère lorsqu'elle se lavait les cheveux: un parfum d'amande et d'huile d'argan. Je la le connaissais par cœur. Cette senteur appartenait à une femme assise sur un banc dans la salle. Je m'approchais et lui demandais l'heure. Elle me répondit avec un peu d'hésitation : « Il est... seize heures vingt-cinq », puis je m'assis à côté d'elle. Ma fille entra dans la salle et je lui dis : « Va jouer avec les autres ». La femme à côté de moi avait des allures d'ange avec sa robe d'un bleu turquoise qui me rappelait la mer douce d'Huron en Amérique, et un sac avec des chaussures rouge vif. Elle arborait une longue chevelure brune qui tranchait avec sa peau de Blanche Neige et des lèvres très pulpeuses, maquillée d'une façon, que si je n'étais pas si près, je ne verrais que le rose de ses joues. Le cours commença, nous vîmes les danseuses faire leur échauffement. L'ange encourageait sa fille et lorsqu'elle leva les bras je vis sur le haut d'un des deux qu'il y avait un tatouage, un nom, celui de Kendall, sa fille. Le cours se déroula, les filles faisaient leurs pointes et quelques grands-écars. La salle de danse était très grande. Il y avait des bancs d'un côté avec les parents et de l'autre, les élèves qui faisaient leur cours. La salle résonnait, chaque toussotement, encouragement résonnait trois à quatre fois. Les murs étaient remplis de miroirs et des barres parallèles au sol. Le cours de danse se termina, l'ange partit avec Kendall et je fis de même avec ma fille.  
C.

Cher journal,


Aujourd’hui ce n’est pas un jour comme les autres, c’est l’anniversaire de mariage entre mon père et ma belle-mère. Mon cher journal, je vais te raconter le jour où leurs regards sont devenus beaucoup plus profonds.

Je m'en rappelle comme si c’était hier, un mercredi après-midi, jour de danse. Notre salle de d’entrainement était spacieuse, avec un immense miroir. Au fond se trouvaient des bancs ainsi que des porte-manteaux. Les fenêtres étaient entrouvertes, laissant passer une douce brise. J’enchaînais mes pas à la perfection. La danse c’est toute ma vie. On me surnommait « prodige de la danse » malgré mon jeune âge : 10 ans. Mon père a toujours été très fier de mes prouesses c’est pour cela que ce jour là, il avait décidé de m’accompagner. J’étais heureuse, ce n’est pas souvent qu’il venait à un de mes entraînements, je ne voulais pas le décevoir. Je jetais parfois des coups d’oeil en sa direction, vers le fond de la salle où il était assis, guettant à la moindre expression en réaction à ma performance. C’était au tour de Kendall, ma rivale de concours. Je cherchais le regard de mon père, mais le sien était tourné vers une autre personne. Une jeune femme que j’avais reconnue tout de suite : La mère de Kendall. Je les voyais discuter. De quoi parlaient-ils ? Bien que se soit la mère de ma rivale, j’avais une certaine admiration à son égard. C’était une très belle femme, sa chevelure était brune et longue, ses mèches flottaient dans l’air. Elle était très élégante à n’importe quelle occasion. Sa robe turquoise lui allait à ravir. Elle souriait à mon père, un sourire lumineux. Leurs regards transmettaient quelque chose de très fort, extrêmement fort. Que se passait-il entre eux à ce moment précis ? A quoi pensaient-ils ? était-ce de l’amour ? Mon père m’a élevé seul sans présence maternelle. Mais même si le mot maman manquait dans le foyer, mon père a toujours fait passer sa fille avant son propre bonheur. Maintenant mon seul souhait est qu’il puisse lui aussi être heureux, ne plus être seul, avoir une femme qui soit a ses côtés, avec lui, avec nous. En les regardant, je me demandais de quoi ils pouvaient parler, des choses du quotidien ? Qu’importe leurs discussion, la seule chose que j’arrivais à deviner est qu’ils se dévoraient, tout les deux, du regard.

Aujourd’hui, Ils ont toujours le même regard l’un envers l’autre, mais aussi un regard commun sur le devenir de notre famille.
M.

Aujourd'hui, jeudi 4 mai, après 26 ans d'amour passionnel, l'amour de ma vie m'a quitté d'une crise cardiaque. Kendall et Maddie sont présentes, anéanties par la nouvelle. Elles sont là l'une pour l'autre et cela me fait chaud au cœur.

Enlevant les yeux de mes deux princesses, j'aperçus accroché au mur, ce cadre de ma famille, les trois amour de ma vie.

Il me manque terriblement.

Je me souviens encore du jour de notre rencontre, de son parfum délicat qui chatouillait mes narines, de l'ambiance chaleureuse qui m'emportait dans un tourbillon de bonheur. J'étais rayonnante est très excitée à l'idée de regarder ma fille danser. Dans cette  salle pourtant très froide , deux grands miroirs recouvraient les murs blanc et deux bancs la meublaient . 

Cette salle qui nous a procurée tant d'amour et d'émotion pendant ces merveilleuses années. 

Un peu avant que l'amour pointe le bout de son nez, j'admirais ma fille heureuse des progrès qu'elle avait pu faire. Elle prenait tant de plaisir à danser. Je n'avais d'yeux que pour elle. 

Lorsqu'une brise caressa mes cheveux , mon regard se posa sur une toute autre personne : Un homme marchait d'un pas assuré dans ma direction. Je ne pu m'empêcher de l'admirer, ses yeux bleus ciel m'hypnotisaient. Il était grand, d'un charme irrésistible. Il s'assit à mes côtés et me demanda l'heure. Sa voix me fit frissonner.  À cet instant, le temps s'arrêta. 

Son visage ne m'était pas méconnu, je voulus savoir la raison de sa présence: avait-il une fille qui participait à ce cours, était il un oncle qui lui rendait visite?

En l'observant discrètement, l'envie de connaître sa vie était si forte, où résidait-il , avait-il une compagne, où était-il né, le métier qu'il exerçait, tant de questions auxquelles je ne pouvais répondre. Mon pouls s'accélérait, ma gorge se séchait, mon ventre papillonnait .

Notre rencontre restera à jamais dans ma mémoire.
P.


Je la vis au loin assise sur un banc, ses long cheveux blonds ondulaient au rythme des douces brises. Au fur et à mesure que la distance entre nous se réduisait, la peur me gagnait, mon estomac se nouait j’allais enfin pouvoir la voir après des années à se parler derrière un écran. Elle se leva à ma vue et un grand sourire étira ses lèvres pulpeuses légèrement rosées. Ses bras s’ouvrirent instantanément et je la laissais se blottir contre mon torse. Un sentiment de plénitude m’envahit, je retrouvais déjà grâce à une étreinte la complicité qui s’était installée depuis nos premiers messages échangés. Une douce odeur émanait de sa peau laiteuse que son haut léger laissait à découvert, de par la saison estivale. Mes paupières se relevèrent pour observer ce parc devenu riche de sens à mon goût, lieu idyllique imprégné de la multitude de sentiments qui m’envahissaient. Le bruit de nos respirations saccadées s’entremêlaient avec le chant mélodieux des oiseaux pêrchés sur les arbres fleuris à nos côtés. Le soleil déjà haut dans le ciel de par l’heure, faisait briller sa chevelure dorée imprégnée d’une odeur des îles qui invitait à l’évasion à ses côtés. Elle s’éloigna quelque peu de moi pour plonger ses yeux noisettes dans les miens, elle me laissait lire à travers elle comme dans un livre ouvert. Lorsque je la regardais, je pensais aux vingt-quatre images seconde d’un film. Les vingt-trois premières étaient radieuses, remplies de joie tandis que de la vingt-quatrième émanait une profonde tristesse, une faille qui la définissait avec d’autant plus de succès que l’entièreté de ses défauts et qualités. C’est à ce moment là que je sus. Je sus que je me devais de la protéger, d’être l’épaule sur laquelle elle pourrait pleurer. Mes lèvres se posèrent alors délicatement sur le haut de son front, sa petite taille me facilita la tâche. Nous n’avions échangé aucun mot depuis le début mais tous deux savions que ce silence était plus riche de sens que n’importe quelle phrase. Après de longues minutes je me décidais à le briser non pas à contre coeur, pour lui proposer d’aller boire un café.
A.



Assise sur un banc je patientais. Au loin je commençais à apercevoir une grande silhouette: je l'ai de suite reconnu, plus il s’avançait plus je distinguais les détails de son visage. Une fois face à moi, il était impressionnant. Des cheveux noirs corbeaux coiffés sur le haut mais légèrement décoiffés par le vent, des yeux verts d'une profondeur extrême mais fuyant sur les côtés,, sûrement à cause de sa timidité, des lèvres rouges sang avec un léger sourire en coin et mordillés sur le côté, un teint halé qui rappellait ses origines italiennes.
Tout à coup il me prit dans ses bras et je sentais l'odeur de sa peau malgré un léger parfum de transpiration mais qui le rendait sexy et attirant. Collée contre son torse je n'entendais plus les bruits extérieurs, les oiseaux chanter, les enfants jouer, les chiens aboyer, le cour d'eau ruisseler et je ne voyais plus les arbres en fleurs, le ciel rayonner et surtout son beau visage. Il me regardait dans les yeux et déposa un léger baiser sur mon front avec une extrême douceur et me dit « allons boire un café ».
C.
 

mardi 18 octobre 2016

Texte d'élève: une dernière rencontre entre Mme de Warens et Jean-Jacques Rousseau...



LA RENCONTRE



Nous étions au printemps dernier, le jour des Rameaux de l’année 1728, je me trouvais au Quai de la Cathédrale, sur un pont et j’attendais un nouvel apprenti du nom de Jean-Jacques Rousseau.

J’allais à l’église et c’est ainsi que je le vis. Il était magnifique, avec son joli pied, la jambe fine, la bouche mignonne, les sourcils et les cheveux noirs, l’air dégagé, et je sus que j’allais l’aimer de tout mon cœur.

Je pris les lettres qu’il me tendit, en souriant, parcourus la première assez rapidement en apprenant quelques informations comme le fait qu’il est né à Genève et qu’il aurait dû arriver il y a 2 jours. Dans la seconde lettre, j’appris qu’il était très enthousiaste à l’idée de venir et qu’il avait énormément de qualités. Mais ne m’attardant point sur les détails, je lui dis : « Mon enfant, vous voilà courant le pays bien jeune ; c’est dommage en vérité. Allez chez moi m’attendre ; dîtes qu’on vous donne à déjeuner, enchainai-je sans attendre sa réponse, après la messe j’irais causer avec vous. » Il me répondit très gentiment : « Bien Madame, encore merci de ce que vous faîtes pour moi.

Pas de quoi, répondis-je. » Et sur ce, je partis à la messe emmenée par mon fidèle laquais.

A.

Texte d'élève:à propos des relations entretenues entre narrateurs et personnages dans les trois textes.

Corpus


Dans ces textes nous verrons quelles relations entretiennent les narrateurs avec leurs personnages principaux. Nous remarquons vite chez Rousseau que le narrateur et le personnage principal ne font qu’un, étant donné que son livre est une autobiographie. Contrairement à cela dans les deux autres extraits, Aurélien et L'éducation sentimentale, le narrateur prend des distances avec les personnages.


Dans le but de confirmer les relations qu’entretiennent narrateurs et auteurs nous allons d’abord observer les pronoms présents dans le texte, ainsi dans Les Confessions de Rousseau le texte est à la première personne, « Je me sentais fort humilié ». Cependant les deux autres narrateurs se servent du pronom il. Par exemple pour Aurélien « Il la trouva franchement laide ». Bien que ceci serve à créer de la distance, on sait tout de même quelles sont les pensées du personnage, auxquelles le narrateur ne s’oppose pas, dans certains passages la frontière entre le narrateur et le personnages se renferment, Les descriptions dans l'Education sentimentale sont les moments ou nous le remarquons le plus, « jamais il n’avait vu la splendeur de sa peau brune... »

Les descriptions des narrateurs envers leur personnage sont aussi un point important à prendre en compte, c’est pour cela que nous étudierons celles-ci dans cette partie.
Rousseau se décrit dans ses jeunes ages et il a un regard très positif sur lui même dans ses jeunes ages, ici l’avis du narrateur diffère avec le jeune Rousseau qui ne se voyait pas d’un très bon œil, cela est dû à la nostalgie que ressens l’écrivain et le narrateur, dans ce texte rousseau de décrit directement comme « ayant un joli,une jambe fine, un air dégagé » les deux autres auteurs nous laissent voir des personnages défectueux, possédant chacun des problèmes, mais cela n’est pas écrit directement mais fortement suggéré pour le lecteur, on ne reconnaît pas l’avis du narrateur ce qui donne une impression d’objectivité sur les personnages. Aurélien par exemple est un asocial qui n’arrive pas à positiver où une ville qu’il n’a jamais vu se transforme en champ de bataille sanglant. Le héros de Flaubert est lui dépeint comme un jeune naïf essayant de tout romantiser mais là encore le narrateur semble proche de lui ne le décrit pas ainsi directement, cel ase remarque par les regards, les actions du personnage: on dirai même que c'est un personnage plus sage qui décrit une enfance qu’il regretterait et qu’il ne serait pas sans lien avec le héros.

Alors que Rousseau essaie de faire passer un message romantique dans son texte les deux autres veulent nous faire passer un message inverse, les personnages sont décrits avec un rapprochement chez Rousseau pour que l’on puisse ressentir ce qu’il ressent, l’éloignement est créé avec les deux autres pour que l’on puisse être objectif et remarquer les erreurs qu’ils font aux lieu de les faire avec eux.

V.

mardi 11 octobre 2016

Propositions de romans en lecture cursive


Voici les romans au choix à lire seuls pour compléter notre travail en classe:


Pour le 17e siècle et en prolongement de l'étude des coups de foudre:

La princesse de Clèves, de Madame de Lafayette



Portrait de Madame de La Fayette
Madame de Lafayette
En 1558 paraît une belle jeune fille de seize ans à la cour d'Henri II : Mademoiselle de Chartres. Orpheline de père, elle est accompagnée de sa mère, qui l'a éduquée. Intensément épris, le prince de Clèves fait sa demande. Mademoiselle de Chartres consent à ce mariage de raison. Elle devient alors la princesse de Clèves. Elle et sa mère présument que la tendresse et le temps feront s'épanouir l'amour conjugal.
Lors d'un bal donné par le roi, la princesse rencontre le duc de Nemours. Surgit une passion amoureuse immédiate et réciproque, mais tue.









Au 18e siècle, un roman choral bien avant Réparer les vivants:

Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos


Choderlos de Laclos fait publier ce roman épistolaire en 1782. Les liaisons dangereuses sont une oeuvre majeure de cette époque, portant à son sommet la forme épistolaire. Dans un contexte d’affrontement entre puritanisme et libertinage, l’auteur a tenté de démontrer au libertin que cette voie est sans issue.
Le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil sont deux libertins qui cachent leur complicité aux yeux de tous en ne communiquant que par correspondance. Ils y échangent leurs exploits d’alcôves. Le Vicomte s’amuse à mener ses conquêtes à leur perte et la marquise venge son sexe auprès des hommes.
Le verrou peint par Jean-Honoré Fragonard en 1776, Musée du Louvre
Le verrou, Fragonard




au 19e siècle, prolongez la lecture de la rencontre entre Frédéric Moreau et Madame Arnoux par

L'Education sentimentale, de Flaubert



Cours de Français - Gustave Flaubert - Maxicours.com
Flaubert.
L'Éducation sentimentale comporte de nombreux éléments autobiographiques, tels la rencontre de madame Arnoux, inspirée de la rencontre de Flaubert avec Élisa Schlésinger, l'amour de sa vie. Le personnage principal est Frédéric Moreau, jeune provincial de dix-huit ans venant faire ses études à Paris. De 1840 à 1867, celui-ci connaîtra l’amitié indéfectible et la force de la bêtise, l’art, la politique, les révolutions d’un monde qui hésite entre la monarchie, la république et l’empire. Plusieurs femmes traversent son existence, mais aucune ne peut se comparer à Marie Arnoux, épouse d’un riche marchand d’art, dont il est éperdument amoureux. C’est au contact de cette passion inactive et des contingences du monde qu’il fera son éducation sentimentale, qui se résumera pour l’essentiel à brûler, peu à peu, ses illusions.



 

au 20e siècle, venez découvrir l'amour impossible d'Aurélien pour Bérénice avec

Aurélien d'Aragon


III. 2 : André Malraux © DR III. 3 : Louis Aragon © DRAurélien est un roman ambigu et très riche donnant à voir les dérives morales d’un jeune bourgeois, Aurélien, qui incarne le fameux mal du siècle qu'avait connu l'écrivain pendant sa jeunesse. Aurélien dépeint une génération prise entre-deux-guerres, sans identité propre, qui se laisse aller à une trêve trop gaie pour être réelle, les fameuses années 1920 dites « folles », reconstituées ici avec leurs figures et leurs lieux les plus marquants.
Aragon travaille la fêlure psychologique de son héros, rentier sans activité qui traîne son mal-être et son imaginaire morbide dans un Paris mondain où les valeurs semblent toutes dérisoires. Aurélien tombe néanmoins dans le « piège amoureux » vers lequel son entourage le pousse et il se laisse aller, malgré lui, à aimer Bérénice, une jeune provinciale qui a le goût de l'absolu.


... la Seine, photographie du moulage par Man Ray pour Aurélien d'Aragon

 

au 21e siècle, tentez un autre roman choral,

La mort du roi Tsongor, de Laurent Gaudé


La mort du roi Tsongor
Laurent Gaudé

Ce roman raconte l'histoire d'un roi qui se suicide pour éviter la guerre qui aura tout de même lieu. L'histoire ressemble à celle de la Guerre de Troie : deux hommes se battent pour une femme entraînant leurs armées avec eux. Sango Kerim et Kouame sont les deux prétendants de Samilia, la fille du roi Tsongor. Ces hommes ont monté leur armée pour se combattre en vain, car Samilia a quitté le front, ayant décidé de ne choisir aucun des deux hommes. Ces deux hommes seront tués par un personnage drogué, Barnak, l'un des lieutenants de Kouame. Souba, l'un des fils du roi Tsongor, a pour mission de bâtir sept tombeaux qui représentent son père, cachés dans des lieux reculés. Pendant ce temps Katabolonga, porteur du tabouret d'or du roi, veille sur son corps, tandis que Samilia n'est toujours pas retrouvée.